Je sais que la dernière fois que j'ai pondu un billet ici remonte à une plombe et quelques, si l'on excepte le dernier comme annonce du grand come-back, mais bon, qu'est-ce que vous voulez ma bonne dame, y'a plus de saison. Et puis j'étais occupé, et puis je fais ce que je veux. Toujours est-il que voilà un petit résumé pour ceux qui n'ont pas tout suivi.
# Action, moteur, ça tourne #
Il est 19h57 en ce soir du mardi 3 mars, quand Julien traverse le passage piéton de la rue Albert Cohen pour se rendre à la faculté des sciences extraordinaires de Nikaïa. Les rues sont vides en raison du couvre-feu imposé par le régime militaire dictatorial séparatiste qui s'est emparé de la cité méditerranéenne deux mois plus tôt. Ce dernier prend effet à 20h30, mais la milice du régime exerce une répression relativement joyeuse et n'hésite pas à molester même en dehors des heures autorisées. C'est pour cela qu'il se dépêche. Les rues sombres semblent aspirer l'énergie communicative acquise un instant plus tôt en apprenant sa nomination probable à la tête du mouvement de résistance, celui-là même formé à la suite de la prise de pouvoir.
La résistance s'était élevée comme une réponse immunitaire face à une agression externe particulièrement virulente. Le premier jour, les manifestants défilèrent sur la place Masséna, en rang trouble, portés par le désir impérieux de satisfaire leur rage de communication. Leur droit le plus élémentaire de liberté constitutionnelle avait été bafoué par ce petit sous-lieutenant en herbe, dans une lubie monarchique dont seuls les nostalgiques des plus belles heures du régime de Vichy peuvent encore en rêver. Les manifestants appelant, pour les plus calmes, à empaler sa tête au bout d'une pique, le sous-lieutenant avait fait réprimer la manifestation dans la plus grande violence et ces derniers s'étaient éparpillés dans un mouvement de panique anarchique. Le couvre-feu avait été mis en place, et les plus téméraires décidèrent que la démocratie serait restauré coûte que coûte, et qu'il était pour cela nécessaire qu'un mouvement de résistance souterrain naquis. Ce qui fut fait la semaine suivante. Ce mouvement prit le nom des « Fééries souterraines » et se fixa pour objectif de faire naître l'espoir dans la ville chez les concitoyens et de combattre le régime par tous les moyens possibles. Les fééries devinrent alors une raison de vivre suffisante pour la plupart de ses membres que l'espoir avait abandonné au lendemain des sanglantes répressions.
En pensant à tout cela, Julien prix machinalement les petits escaliers sinueux qui grimpaient aux chambres communautaires, sans prêter attention aux sirènes qui hurlaient dans toute la ville. Les milices avaient commencé leur ballet nocturne. En somme, ce soir encore, l'espoir abandonnerait un certain nombre de concitoyens. L'espoir, la liberté, et jusqu'à leur vie.
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